mercredi 5 août 2015

Sport

L’homme est une créature violente, la confrontation fait partie de sa nature. Depuis ses origines l’homme mène le combat pour sa survie contre les forces de la nature, les prédateurs et ses semblables. La loi de la nature exige la survie du plus fort. Le combat pour la survie a été remplacé par les guerres des idées au nom de la religion, du pouvoir, du profit. L’esprit humain était toujours plein de bonnes idées et avec le temps il est devenu plus malin, plus orgueilleux et plus cruel. Tuer l’autre à cause de sa différence est le summum de la perversité d’esprit.
Les idées humanistes ont calmé les impulsions brutales, mais ils n’ont pas réussi à changer la nature humaine. L’homme reste possédé par l’esprit de la compétition, de la confrontation et d’humiliation de l’autre. Les lois des pays « civilisés » arrivent à contenir la violence des masses dans sa majorité, mais ne la détruit pas. Comment faire pour libérer l’esprit de l’emprise de la violence naturelle en absence de guerre? Le sport! Ce compromis qui calme à la fois la soif de l’affrontement, préserve l’ordre public et assure le divertissement pour la foule. Les combats des gladiateurs sur l’arène du Colisée pour la gloire d’empereur étanchaient la soif de sang du public et la rendaient plus docile. En plus, la distribution du pain le transformait en un troupeau de moutons doux et obéissants.
Depuis rien a changé, ou presque. Le versement du sang ne fait plus parti du programme. Mais cela ne transforme pas pour autant la confrontation sportive en une promenade de santé. Le public sur les tribunes parfois si échauffé qu’une simple adversité se transforme en une véritable guerre avec des blessés et des morts. Le sport n’a rien avoir avec les exercices physiques, visées à préserver la santé et attendre un équilibre naturel. Le sport est la violence, faite sur le corps et l’esprit. La vie d’un sportif est faite de blessures, de souffrances physiques et psychologiques, d’excitations et de frustrations. Désormais il ne suffit plus de faire du sport pour le plaisir, le but c’est la réussite, la performance, le succès, la reconnaissance, la revanche. L’envie d’être le meilleur que les autres révèle une souffrance intérieure, le complexe d’infériorité et souvent l’amour propre blessé. C’est une vraie maladie mentale qui ne se soigne pas, mais pourrait être soulagée temporairement grâce à la réussite atteinte. Cela ne dure jamais longtemps. L’euphorie, provoquée par une victoire, devienne une drogue, une dépendance, un sentiment du plaisir, du bonheur. Pour retrouver encore ces sensations, atteindre à nouveau le sommet, éprouver le sentiment d’Importance, de supériorité et du bonheur les sportifs continuent de maltraiter leurs corps et souffrir encore et encore. Dommage qu’ils ne peuvent pas rester sur leur piédestal pour toujours et être heureux. Ils ne sont pas tous seuls, il y a des autres, comme eux, qui rodent autour avec les yeux remplis d’envie, de jalousie, de haine, prêts à prendre cette place, tant convoitée.
Depuis quelques décennies les gourous du profit ont décidé d’exciter encore plus les esprits maladifs, en secouant devant eux des liasses d’argent. Un sauvage du temps de bronze, tuant pour sa survie, s’est transformé en sportif professionnel avec les yeux fous, l’esprit malade, le corps drogué, à la recherche de billets verts avec lesquels il tente acheter le respect, la reconnaissance, l’amour, assouvir sa vengeance pour calmer sa douleur. La guerre qu’il mène est plus cruelle qu’autrefois. Avant une défaite signifiait la mort subite, désormais un sportif n’a plus ce luxe. Il est condamné à perdre des milliers de fois et continuer, malgré la souffrance. Certains deviennent plus forts, plus durs et plus agressifs, d’autres perdent le pied et brûlent les ailes. Quand leurs corps épuisent les réserves et perdent la capacité de battre leurs démons, ils continuent à surfer sur les restes de leur argent ou de leur popularité pour ne pas se noyer dans l’océan de la déception.

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