dimanche 16 août 2015

Amour

L’amour ne se mesure pas avec la quantité des mots doux, des coups de fil passés, des moments partagés, des années vécues ensemble ou encore avec le nombre d’enfants, la quantité d’objets acquis, ni avec le coût du mariage ou le prix d’hypothèque pour la maison. Il n’a pas de mesure ni de forme, il est libre de tous les conventions, obligations et règles. Il va partout, ne s’arrête nulle part, pénètre chaque chose. On ne sait jamais d’où il vient, le temps qu’il restera et le jour où il va partir. Peut-être, il restera pour toujours ou disparaîtra aussitôt, c’est lui qui décide, on n’y peut rien. Tout le monde un jour est touché par l’amour, on le ressent comme un émerveillement devant un papillon léger et fragile qui effleure notre main avec ses ailes. Certains essayent de l’attraper pour mettre dans sa collection, les autres le laissent partir avec un sourire... 
La plupart des gens tentent l’emprisonner pour qu’il ne puisse pas s’échapper et se verser sur l’univers. Ils jouent avec leur amour comme s'ils jouaient aux ping-pong : je t’appelle - tu m’appelles, « je t’aime » - « moi aussi », tu me fais un cadeau – je te fais un en retour, tu me trompe – je vais faire la même chose. Ils continuent à renvoyer la balle sans arrêt par la peur qu’elle s’échappe. Un jour ils décident de se marier pour l’incarcérer et de faire les enfants pour l’ enchaîner. Ils prennent en témoins leurs familles, leurs voisins, leurs amis. Même les étrangers sont au courant de leur crime : les bagues sur leurs doigts en témoignent. Seulement ils ressemblent étrangement aux anneaux, apposés sur les pattes des oiseaux pour suivre leurs déplacements. Où il passe, quoi qu’il fasse, on sait où il est. L’amour pour eux est un objet de consommation: on peut l’acheter, l’échanger, l’officialiser comme un acte de propriété, il est la monnaie d’échange avec laquelle on s’offre le bonheur. Pour mieux l’emprisonner certains vont jusqu'à détruire tout ce qu’ils ont construit auparavant, brûler les ponts pour couper le chemin de retour, car ils ne font pas confiance aux autres et surtout pas à eux-mêmes. Ils abandonnent leurs compagnons, leurs enfants comme on abandonne un ancien jouet une fois qu’on a un nouveau. La plupart exigent même faire un choix qui est à l’ origine d’une souffrance destructrice. L’amour est libre de l'obligation de faire un choix. Ce sont les conventions qui l’exigent, les conventions, établis par des malheureux, qui n’ont jamais compris l’essence de l’amour libre et éternel, cette magnifique force positive et créatrice. Ces malheureux, il faut les plaindre, ce n’est pas leur faute. Leur amour, ce mélange d’excitation et d’égoïsme, ne cause que de la jalousie, de la méfiance et de la rancœur.
L’amour est libre, rien et personne ne peuvent le retenir. Il touche tout le monde à un moment ou a un autre. Il est comme un léger souffle de liberté, de beauté et de la lumière. Seulement le cœur pur parvient le ressentir, c’est là qu’il trouve un moment de répit. Il peut s’implanter, fleurir et donner ses fruits, comme une petite graine, semée dans la terre fertile, préalablement labourée. Pour qu'une âme soit prête à recevoir l’amour, elle doit être travaillée, retournée, elle doit souffrir et pleurer. Purifiée par les douleurs et les larmes, une âme saura transformer une petite graine d’amour légère, presque éphémère, en un majestueux arbre fleuri...

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