vendredi 14 août 2015

Funambule

La source de nos souffrances est à l’intérieur de nous-mêmes. Ce sont les espoirs non réalisés, les désirs non satisfaits, les souhaits non exécutés, les projets non achevés. Le désir est notre pire ennemie. Il nous attire dans ses filets, fait des promesses, captive notre esprit pour qu’on ne voit rien autour, nous dessine des visions chimériques et nous entraîne dans la jungle impénétrable de notre imagination. On devient un esclave de ce désir séduisant qui use et torture l’âme, la retourne à l’envers pour ensuite l’abandonner, anéantie et épuisée.
Alain Chayer "Le funambule"
Heureux celui qui se contente de ce qu’il a, du peu ce qu’il possède, sans jamais désirer quelque chose de plus. Ce petit supplément est le début de la fin, un dernier pas vers un abîme où se logent tous nos souffrances.
Un funambule qui se déplace sur une corde se contente de sa petite largeur. Il sait qu'il peut rester en équilibre à condition d’être satisfait de ce qu’il a, et de ne pas imaginer la corde plus large qu’en réalité, ce que mènerait inévitablement à la catastrophe. Rester concentré sur le moment présent sans demander rien de plus, de mieux, de plus beau est une garantie de la tranquillité d’esprit et du bonheur.
Il est possible de se débarrasser des envies avec un peu de volonté et un esprit maîtrisé. Ce ne sont que les fruits de notre imagination, ils n’ont pas des valeurs réelles. Les souvenirs, par contre, sont gravés au fond de notre âme à jamais. Les belles choses qu'on avait entre les mains et que l'on a laissées échapper à cause d’une faiblesse, d’une appréhension ou d’une crainte illusoire vont laisser les empreintes indélébiles, tachées de stigmates de remords. Ces regrets resteront pour toujours au fond de nous en montrant leurs tètes abominables dans les moments les plus difficiles et pénibles de notre existence. Dans ces moments de détresse le seul moyen de ne pas sombrer c'est de devenir un funambule, suspendu entre le passé et le futur, le ciel et la terre, la vie et la mort, tout seul en équilibre sur sa fine corde, délivré de ses envies et de ses remords, libre d’esprit, confiant et sur de soi...

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