samedi 22 août 2015

Cirque

Ils étaient une fois deux amis qui vivaient dans une petite ville. C’était une ville comme les autres, sauf un détail – elle possédait une troupe de cirque. Chaque semaine les artistes présentaient leur spectacle aux citadins et aux habitants des villages environnants. Les deux amis faisaient partie de cette troupe – un était le Clown Blanc, joyeux, rigolo, plein d’énergie et de blagues; l’autre – Clown Noir, mélancolique et triste. Dans la vie ils se ressemblaient beaucoup, ils avaient les mêmes rêves, les mêmes problèmes comme, d’ailleurs, tous les autres gens. Mais à l’intérieur du chapiteau ils jouaient les rôles différents. L’un, plus enthousiaste par sa nature, a choisi le personnage d’un clown joyeux pour faire rire les gens, l’autre, très sensible et mélancolique, a préféré de rester fidèle à sa personnalité.
Souvent, en regardant le numéro de son ami et les gens qui éclataient de rire, le Clown Noir se disait que lui aussi aimerait faire rire le public, être le centre d’attention, celui pour qui les gens viennent au cirque pour pouvoir oublier leurs soucis. Il voulait plaire, mais il ne pouvait pas gérer sa solitude et son angoisse, il ne pouvait pas changer. Le Clown Blanc n’était pas en réalité si heureux que tout le monde croyait. Oui, il savait faire rire les gens, raconter des blagues et faire les tours de magie. Seulement à chaque fois avant le spectacle il était obligé de mettre un masque pour paraître joyeux. C’était difficile, car il devait faire semblant et cacher ses problèmes et ses peurs sous un masque de bonheur, ce que lui faisait ressentir encore plus vivement sa souffrance. Une fois le spectacle terminé, il pouvait redevenir lui-même, seulement ce petit moment de mascarade lui enlevait toutes ses forces, il se sentait épuisé. En regardant à son tour son ami, il l’enviait, car le Clown triste pouvait rester lui-même et ne pas masquer l’état de son âme. Dans ce monde hypocrite, où règnent l’apparence et le fausse bonheur, lui seul était vrai. Certes, les gens, en le voyant, n’étaient pas pris de fou rire, mais il leur faisait ressentir les émotions plus profondes, parfois même oublies ou enfouis. Leurs cœurs se remplissaient d’amour et de tendresse et leurs yeux - des larmes. Mais ce n’étaient pas les larmes de douleur ou de souffrance, c’étaient les larmes claires et limpides qui purifiaient leurs âmes…

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