vendredi 14 août 2015

Chevalier

Chacun juge l’autre avec ses propres mesures. Celui qui est exigeant avec lui-même, exige beaucoup des autres, celui qui se donne la liberté de pensée et d’action accorde les mêmes droits à ses semblables. Un mortel avec un esprit étroit ne voit que de la médiocrité autour de soi, une personne avec la belle l’âme est émerveillée devant la beauté du monde.
Chacun est capable de voir qu’avec ses propres yeux. On ne peut pas les emprunter aux autres pour qu’ils puissent voir la même chose, ni expliquer avec des mots. Chacun vit dans son propre monde. Comment se comprendre alors?
On dit : «Il faut se mettre à la place de l’autre», donc au centre de son monde et regarder tout ce qu’il entoure. Cela demande un grand investissement personnel et énorme envie d’apprendre. C’est comme un acteur qui essaie d’oublier sa propre personnalité et entrer dans la peau du personnage. Pour y arriver il doit abandonner ses propres repères, habitudes, connaissances, mentalité. Si on aborde l’autre avec tout cet arsenal de bric-à-braque, on arrivera jamais le comprendre.

Konstantin Vasilyev "Knight"

Les portes de la ville s’ouvrent plus facilement devant un pauvre mendiant que devant un chevalier en armure. Ce chevalier regarde tout le monde de la hauteur de son cheval, fier de son armure qui brille sous le soleil. Pour parvenir à trouver sa place, il renverse avec l’arrogance quelques charrettes et piétine quelques passants. Le pauvre mendiant entre sans que personne ne fasse attention à lui, passe inaperçu et voit tout de prés. Il regarde les gens qui l’entourent, leurs vies, leurs problèmes, leurs façons d’agir. Dans quelques temps il commence les comprendre et les aimer. Il découvre en lui l’envie de rester et faire partie de leur monde. Le chevalier brillant n’arrive jamais passer inaperçu et maîtriser son cheval orageux qui gène les autres dans leurs occupations. Son casque ne lui laisse pas voir clair, son armure limite ses mouvements, son arrogance ne lui permet pas de descendre par terre. Il reste un peu sous les regards méfiants et il repart. Il se sent étranger.
Si seulement il pouvait se décider d’abandonner son cheval, son armure, l’envie de briller, il aurait aperçu qu’il n’est pas si différent des autres, que tout le monde est à la recherche de la même chose: trouver sa petite place sous le soleil pour faire reposer son âme...

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