vendredi 25 septembre 2015

Forêt brumeuse

La forêt brumeuse l’enveloppait de plus en plus. Pendant de longues années elle errait parmi les troncs d’arbres sans jamais trouver le chemin qui la mènerait vers la sortie. Derrière elle était un long parcours, rempli d’erreurs et de chagrins, devant elle ne voyait plus rien à cause du brouillard qui devenait de plus en plus dense. Ses pas étaient plus en plus lourds… Elle ne cherchait plus la sortie, elle avançait désormais sans aucun but, sans aucun espoir, le vide englobait tout son être, seulement les convulsions du corps donnaient l’impression du mouvement…
Un jour, épuisée, elle s’est arrêtée et pour échapper à cet immense désespoir elle a plongé au fond de son âme, aussi vide et noire comme la forêt qui l’entourait. Elle a prié. Sans paroles. C’était une prière adressée au Dieu dans lequel elle ne croyait pas. Cette prière muette résonnait dans son âme d’un écho effrayant, vidé de sons, de mots, de mouvements, perdus dans ce gouffre plein de douleurs. Elle n’avait plus aucune envie, ni espoirs, elle ne voulait qu’une chose – que tout cela s’arrête, que le néant l’engloutisse et la libère de ce cauchemar…
Et voila un jour, un jour comme tous les autres, un jour d’errance habituelle, elle s’est sentie aveuglée par la lumière du soleil. Elle a été surprise par son éclat, qu’elle a ressenti avec son corps froid et qui a pénétré son cœur, plongé dans cette chaleur soudaine qui l’a envahi. La lumière était si forte qu’elle a réussi atteindre chaque parcelle de son esprit et le passé, qu’elle voyait avant comme une suite interminable des erreurs, a retrouvé tout son sens, tous les évènements, comme les pièces du puzzle, se sont réunis pour dévoiler la signification de l’image de sa vie. Elle a retrouvé en un instant cet enfant perdu, cette petite fille, seule, errante dans une énorme forêt, son cœur s’est serré de l’amour et de la compassion pour cet enfant et en même temps pour les personnes qu’elle voyait dans la rue, dont les yeux brumeux reflétaient la même souffrance, cachée derrière les masques.
Toutes les questions qui hantaient son esprits pendant de longues années tout a coup ont commencé à obtenir les réponses et elle a senti une envie, cette envie qui donne l’espoir et qui ouvre les portes du futur, l’envie de donner la forme à toutes ces réponses, de les accrocher avec les mots pour qu’elles ne puissent pas s’envoler, car elle a compris en cet instant que ces mots-là étaient aussi le seul moyen de l’accrocher à la vie…
L’amour et la joie qui la remplissent désormais ont pris la place de la brume et des chagrins d’autrefois, ils ont rempli chaque parcelle de son être qui s’est débarrassé des doutes, des peurs et a retrouvé enfin la paix et la vue qui allait au-delà des apparences, des idées reçues, des conventions, la vue qui perce l’essence des choses et des événements. Elle était libre! Le monde, laid et effrayant, a recouvré toute sa beauté, chaque chose – sa raison d’être, chaque personne – le droit et les capacités de découvrir en soi la source de l’amour et de la lumière.

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